Une caissière devenue directrice...Si si, c’est possible!
Mardi 27/01/2009 | Posté par Saïd Hammouche
« Un job, c’est juste le début ! » Chez Spring Board Forward, organisation non-profit basée à San Francisco, on pratique le recrutement engagé. Le concept, peu répandu en France, mérite d’être expliqué. Femme de ménage ou magasinier, les bas-niveaux de qualification, autrement dit les minorités visibles, ont droit à un plan de carrière. Coaching, définition d’objectifs de carrière, tout est fait pour tirer ces profils, souvent désœuvrés, vers le haut de l’échelle sociale.
Le service certes novateur, n’en est pas moins gratuit. Mais chez Spring Board Forward, ils pensent à tout. Car c’est l’entreprise qui paie… à condition que le concept lui plaise. Une fois convaincue du potentiel d’un salarié, l’entreprise lui propose de rejoindre le programme (sorte de bilan de compétence poussé). Et ici, peu de chance d’entendre que « les caisses sont vides » ! C’est l’entreprise qui finance.
À Mozaïk RH et au Business Bondy Blog, on trouve la démarche tellement exemplaire qu’on on y adhère, les yeux fermés ! Car un employé considéré et valorisé en devient plus performant. Nulle question de travailler plus, mais de travailler mieux. Un patron enclin à la promotion sociale, c’est un employé impliqué… encore lui faut-il une dose d’ambition.
C’est du bon sens. Proposons aux entreprises engagées la mise en place d’un plan de carrière personnalisé pour chaque recrue, diplômée – ou non d’ailleurs. Soutenir les ambitions professionnelles des salariés, tous profils confondus. Spring Board Forward a bien compris l’enjeu. Après tout, la diversité ça passe aussi par ça, non ?
En 2002, quand Elliot Brown fonde la structure, son objectif est d’impulser un changement social combattre la pauvreté. Depuis, l’association a pris du galon. Récompensée en 2005 et 2007 par le Groupe Moniteur, elle a été désignée comme l’une des 25 innovateurs sociaux des États-Unis. Preuve de son utilité sociale.
Qu’est-ce qu’on attend en France pour s’inspirer de la démarche ? La promotion de la diversité à travers les bas niveaux de qualification, c’est aussi un enjeu social. Le problème ? La France a déjà du mal à gérer sa diversité ethnique. Peut-être est-il trop tôt pour importer le modèle ? La question mérite d’être posée.
En revanche, rien ne nous empêche d’y réfléchir à moyen terme. Surtout que le concept porte ses fruits. Le parcours de Joe, client de l’association, en est un exemple. Employé dans une cantine universitaire, il bénéficie du programme. Une formation plus tard, le voilà manager avec un objectif en ligne de mire : ouvrir son propre restaurant. Ce genre de success stories, il faut bien l’avouer, est assez rare en France. Crise oblige !
Les entreprises ont plutôt la tête au plan social, c’est vrai. Mais le système repartira, peut-être plus tôt qu’on ne le pense. À nous de promouvoir ce type d’initiatives. Un Spring Board Forward à la française, ce ne sera pas une mince affaire. Pour autant, n’ayons pas peur de bousculer les habitudes. Et si la caissière de chez Carrefour passait directrice de magasin ? Oui, c’est possible…un certain Américain nous l’a dit.
Saïd Hammouche
Par Anonyme