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Le temps partiel, est-ce que ça rapporte?

Lundi 12/10/2009 | Posté par Nadia Moulaï

En 2008, près de 17% des travailleurs occupent un poste à temps partiel. Avec le RSA et son extension aux moins de 25 ans, seront-ils plus nombreux à opter pour cette alternative. Travailler moins pour être plus aidé. C’est peut être possible. A condition d’accepter la précarisation de sasituation. Le Business Bondy Blog creuse le sujet.

Travailler moins pour obtenir plus d’aides sociales? Dans la tête d’Eliès, fonctionnaire de cadre B à Bordeaux, l’idée fait son chemin. « Je pense sérieusement à me mettre à temps partiel.» Pourtant, il n’a ni enfant, ni contrainte particulière en dehors des dépenses mensuelles, loyer, alimentation, voiture… « En fait, je touche un peu plus de 1100 euros et j’ai du mal à joindre les deux bouts», explique t-il, de sa voix calme. «Je vais avoir 400 euros à débourser pour les impôts et sincèrement, je ne sais pas comment je vais faire.» 

Pourtant, ce célibataire de 40 ans n’est pas du genre dépensier. Le week-end, c’est bricolage maison et entraide solidaire. Côté alimentation, Eliès passe par des réseaux alternatifs. C’est moins cher. Car pour faire des économies, il étudie toutes les possibilités. Même réduire son temps de travail. A l’heure où le gouvernement vante les mérites des semaines de 40 heures et plus, pas sûr que cette option fasse l’unanimité. Pourtant, d’après Eliès, l’idée séduit de plus en plus de gens. « Dans mon entourage indirect, certains s’en sortent mieux à temps partiel qu’à temps complet. Apparemment, on bénéficie d’aides sociales complémentaires.»

Un constat que nuance Mathieu Agotti, directeur du département évaluation des politiques sociales au Crédoc. «Cette démarche est minoritaire, c’est très marginal. Pour l’écrasante majorité des employés à temps partiel, c’est une raison parmi tant d’autres. Les gens ne se perdent pas dans des calculs d’apothicaires pour savoir s’ils obtiendront plus d’aides sociales… » D’autant qu’il existe une distinction entre « les aides sociales comme les allocations familiales liées aux revenus et les droits connexes relevant du statut.» 

Ainsi, un bénéficiaire du RMI maintenant RSA aura des réductions sur les transports, ne paiera pas de redevance télé…Du coup, ce type de situation risque de conforter les gens à rester temps partiel. «Je bosse 20 heures au Mc Do, j’ai un enfant, je touche 300 euros de RSA. Je préfère rester à temps partiel.», selon Angotti. C’est un cas de figure possible. Avant d’ajouter « qu’il est trop tôt pour mesurer les effets du RSA dont l’enjeu est bien d’inciter les gens à travailler plus. » Ca tombe bien.

Contrairement aux idées reçues, la grande majorité des gens veut travailler. «Toutes les études sur les minimas sociaux sont formelles. Tout le monde souhaite travailler avec un job épanouissant, des horaires réguliers et un minimum de perspectives », souligne Mathieu Angotti. Et sur le terrain, les acteurs de l’emploi ne le contredisent pas. William Ameri, directeur du Plie de Cergy- Pontoise (Val d’Oise) connait bien ces problématiques de l’emploi à temps partiel, considéré comme une caractéristique de l’emploi précaire. « Le temps partiel n’est pas un format typique d’emploi. Il suppose souvent des horaires décalés. Et quand on a des enfants, le problème de la garde d’enfants se pose. »

Tout le monde rêve d’un poste à temps plein sauf Eliès, alors ? Peut être est il mal renseigné. D’ailleurs, Mathieu Angotti est très clair sur le temps partiel choisi. A part certaines femmes qui adoptent cette option pour s’occuper des enfants, choisir un temps partiel pour disposer d’aides sociales est plutôt « une légende urbaine ! » Ni dans les banlieues, ni dans les centres villes. Tout le monde veut un job ! Des propos que rejoint William Ameri. «Je n’ai jamais vu un demandeur d’emploi refuser un emploi de qualité c'est-à-dire au SMIC. Sauf peut être dans la restauration…» Parfois, le job est incompatible avec sa situation. 

« Vous habitez Cergy, on vous propose un job à l’Hippopotamus de Montparnasse. Vous commencez le matin puis une pause entre 14h et 18h pour reprendre jusqu’à 22 h. Si vous avez des enfants, ce n’est pas possible. Il faut quand même une vie de famille… » Cet expert du terrain va même plus loin dans son analyse. Selon lui, « certains intermédiaires de l’emploi poussent les demandeurs d’emploi à accepter n’importe quoi ! Alors qu’ils sont eux sur un poste permanent.» explique t-il, indigné. Le problème, c’est que l’emploi précaire n’est pas une source d’épanouissement pour l’individu. Evident. Il peut même parfois vous attirer des ennuis. «Une dame dont je suivais la recherche d’emploi a été inquiétée par les services sociaux. Elle avait accepté un poste de femme de ménage. Elle commençait à 5 heures du matin. Ses jeunes enfants se rendaient donc à l’école eux-mêmes.»

Et sur ces questions, le directeur du Plie de Cergy ne mâche pas ses mots. Pour lui, on entretient le mythe. Dans les quartiers, on ne travaillerait pas. « On attire l’attention des classes moyennes sur ces populations des quartiers. C’est la nouvelle figure du fraudeur, du fainéant. Nous on se lève, on travaille, pas eux. Tout cela doit produire des effets socio- politiques.» Stigmatisation. On noie le poisson comme on peut. C’est un peu cela. Car quand on parle chiffres, les gouvernants ont tendance à enjoliver la réalité. « Si on ajoute les emplois précaires, les postes à temps partiel, le chômage monte à 20% ! » explique William Ameri. Visiblement, le temps partiel a de beaux jours devant lui. D’autant que la précarisation des uns permet le renforcement des autres. « La grande distribution est l’un des premiers producteurs de temps partiel. Pourtant, ce secteur fait des marges importantes et n’est pas dans une logique de concurrence… » Cherchez la logique.

Nadia Moulaï

Source: Temps partiel et durée du temps de travail dans l'Union européenne en 2008 (source Insee/ eurostat)

Crédoc: Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, www.credoc.fr

RMI: revenu minimum d'insertion remplacé en 2009 par le RSA, revenu de solidarité active

Plie: Plan locaux pour l’insertion et l’emploi (Plie) de Cergy- Pontoise

www.pliecergypontoise.fr

Nadia Moulaï -

Réactions des internautes

José Weiter
Mardi 17 Novembre 2009, 07:47
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rsa et temps partiel
Un grand bravo Nadia pour la pertinence de ton analyse.
Je suis un futur quinqua issu d'une génération privilégiée avec emploi épanouissant , bien payé etc mais cela ne m'empêche pas de m'interesser à la véritable galère que vivent ceux qui n'ont pas ma chance. Il y a tellement d'énergie et de talent inutilisés en France que c'en est un véritable gâchis !
Néanmoins je ne remets pas en cause la bonne foi de Martin Hirsch qui même s'il fait partie d'un gouvernement ridicule, pitoyable ...est une personne qui essaie de faire avancer les choses mais comme toute mesure celle-ci a des ( gros ) effets pervers.

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Nadia Moulaï
Mardi 24 Novembre 2009, 12:14
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Re: rsa et temps partiel
Bonjour José, 

Merci de ton retour! 

Nadia

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delfina81
Lundi 20 Février 2012, 23:20
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rsa et temps partiel
Employeur de ce public, je souhaiterai bien lutter contre le temps partiel subi par 80 % des salariés en insertion que je fais travailler.

Pour se faire, il serait urgent que l'Etat se rende compte de l'utilité économique et sociale des Structures d'Insertion par l'Activité Economique.

Monsieur Wauquier n'aurait pas eu de paroles douteuses s'il avait étudié correctement le potentiel de nos structures de l'ESS.

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