Saddaka: Comment une petite assoc’ est devenue grand prestataire de service
Jeudi 27/11/2008 | Posté par Nadia Hathroubi
Quoi de commun entre une blanchisserie, une auto-école, un salon de coiffure, un traiteur et une équipe de foot ? Toutes ces activités d’économie sociale et solidaire sont proposées par l’association Saddaka, une régie de quartier à Aulnay-sous-Bois
Si Saddaka signifie bien en arabe « faire un don », Lahcène Boukhenaissi, directeur de cette régie, lui préfère une traduction personnelle : « être solidaire ». Et dans sa bouche, ce n’est pas une vaine expression !
La solidarité est le moteur de cette association installée au cœur de la cité de l’Europe d’Aulnay-sous-Bois, dont la mission principale est de créer du lien social entre les habitants et « plus particulièrement mettre en œuvre des activités centrées sur le quartier », insiste son directeur.
À l’origine, l’association organise des convois humanitaires en Afrique noire avec des jeunes du quartier. Puis, très vite, elle se diversifie, consciente des difficultés pour certains habitants sans qualification d’intégrer le monde du travail. En 1998, elle devient une entreprise d’insertion et emploie aujourd’hui 25 personnes à temps plein. « Nous avions une réelle volonté de ne proposer que des temps pleins sur ses contrats d’insertion de 24 mois, afin que les salariés puissent vivre décemment. Ce passage de deux ans est le temps de les former et de les prédisposer au monde du travail », souligne Lahcène Boukhenaissi.
Dans un premier temps, Saddaka monte une micro-entreprise de bâtiment spécialisée dans la remise en état de logement au profit d’Emmaüs, le bailleur social de la cité de l’Europe. Elle propose donc ses services de second d’œuvre aux locataires, qui peuvent à moindres coûts rénover leur appartement. « Cinq habitants sont embauchés à plein temps », claironne fièrement Lahcène. Sur sa lancée, Saddaka imagine pour les habitants une blanchisserie « comme d’antan », une sorte de point de rencontre, d’accueil. Ce sont aujourd’hui quatre femmes et un homme qui y travaillent tous les jours à temps plein. En douze ans, la laverie-blanchisserie s’est professionnalisée et est devenue prestataire de services pour les entreprises locales, L’Oréal, Védior, GDF.
Saddaka sensibilise également les jeunes au sida et à l’exclusion, mais toujours d’une manière originale. L’association a imaginé un bus-restaurant qui sillonne les grandes manifestations : Solidays, Techno parade, Fête de l’Humanité, ces jeunes embauchés en vacataires vont ainsi à la rencontre des autres. Une bonne façon de tisser des liens !
L’association fourmille d’idées et lance coup sur coup en 2005, dans ce quartier sans commerçants, un pôle de restauration-traiteur, un bar sans alcool, une auto-école sociale, un espace sportif et… un salon de coiffure.
Il est 10 h 30 ce matin et déjà trois clientes patientent. Certaines viennent de loin pour « le brushing impeccable » de Negifa, une des coiffeuses du « Sadak’coiff ». C’est le cas d’Amina. Cette jeune maman vient chaque semaine de Bondy se faire faire son brushing, délaissant les coiffeurs de sa ville qu’elle juge « vraiment trop cher ». Pour cette cliente avertie, « il n’y a pas meilleure rapport qualité-prix, surtout au niveau des produits ». Rien d’anormal à cela, car, grâce à un partenariat entre Sadakka et L’Oréal, les coiffeuses n’utilisent que les produits de cette grande marque. « Ce n’est pas seulement pour cela que les clientes reviennent », explique Noria, une fidèle cliente qui accourt du Blanc-Mesnil pour « l’ambiance conviviale et chaleureuse ».
Par Nadia Hathroubi
Par Anonyme