Mon stage au bled
Jeudi 30/10/2008 | Posté par Widad Kefti
Après deux années à Sciences-po, Anyss Arbib choisit son pays d’origine, le Maroc, pour passer sa 3e année de stage. C’est la tête pleine de projets qu’Anyss accepte de partager son expérience avec nous
« De belles opportunités se sont offertes à moi », commence Anyss, tout juste âgé de 20 ans. « Une banque à New York et la Barclays Bank de Dubaï que j’avais démarchées pour un stage me proposaient de le faire chez elles » me précise-t-il pour évincer d’emblée l’hypothèse selon laquelle ce choix pour le Maroc aurait pu se faire par défaut. « Le Maroc étant mon pays d’origine, j’ai toujours tissé des liens étroits avec celui-ci. C’est d’ailleurs un pays au sein duquel j’envisage sérieusement d’entamer une carrière professionnelle. »
Mais cette fois, finies les vacances d’été au bled. Il devra passer une année entière consacrée à son stage à l’étranger. « Ce stage est donc pour moi le moyen de me rendre compte de ma compatibilité avec le pays. » Et pourquoi pas, une fois Sciences Po terminées, s’y établir définitivement.
C’est au sein d’une des agences immobilières du groupe Hippone Holding, située à Casablanca qu’Anyss Arbib a choisi de faire son stage, où il occupe le poste de chef de projet immobilier. Sous tutelle d’Ali Belhaj, PDG du groupe, diverses missions lui ont été confiées. La principale étant de « mener à bien un projet immobilier de sa conception jusqu’à sa vente, ainsi il y a différentes tâches à gérer, aussi bien sur le plan de l’administration – telles qu’obtenir des autorisations de construction, ou encore des plans de financement –, qu’au niveau des appels d’offre ou du marketing ».
Mais si en tant que stagiaire on lui confie autant de responsabilités c’est, outre ses compétences, surtout parce que son profil correspond à la cible principale de l’entreprise. En effet, l’immobilier marocain attire énormément d’investisseurs étrangers ou marocains vivants à l’étranger. En tant que tel, Anyss est en affinité avec cette clientèle. Sans compter sa pratique des langues étrangères (anglais, arabe, espagnol et français !) qui lui permet de la séduire plus aisément.
Il a fait du Maroc son défi prioritaire : « Le Maroc est un pays plein de défis, et si j’y vais c’est notamment pour m’imprégner de ceux de demain. » Ainsi ses parents et ses enseignants étaient très enthousiastes à l’écoute de son projet : « C’est plus valorisant de faire mon stage au Maroc qu’ailleurs car ici je contribue à la pérennité et à la revalorisation des compétences de mon pays d’origine. » Ce projet lui tient à cœur depuis de nombreuses années, en tant que membre du club CSI (Compétence Synergie et Initiative) rassemblant diverses personnes de nationalité ou d’origine marocaine ayant réussit professionnellement, et avec lesquelles Anyss a été convié lors du colloque CCDH (conseil consultatif des droits de l’homme) à Rabat.
Mais faire un choix entre la France est le Maroc n’est pas aisé, ce jeune Bondynois sait que c’est en France qu’il est né et qu’il a grandi. Raison pour laquelle, il a notamment participé à des actions visant à revaloriser l’image de la banlieue. En effet, en 2005, suite aux émeutes de banlieue, le Premier ministre de l’époque, Dominique de Villepin, créé un groupe de travail où plusieurs jeunes étudiants, dont Anyss, avaient été sélectionnés pour traiter ensemble de questions politiques sensibles. Depuis, Anyss envisage sur le long terme une carrière politique, et se voit tantôt au ministère des Affaires étrangères, tantôt au cabinet de Sa Majesté Mohammed VI.
Indépendamment de sa vie professionnelle, Anyss n’en est pas moins un jeune homme que l’absence de cadre familial perturbe : « La vie loin de mes proches n’est pas évidente à supporter, j’ai un peu de mal à me socialiser ici, loin de mes amis et de ma famille. J’ai décidé de recréer mon cadre de vie français ici : Satellite, Internet, téléphone, je reste en contact avec la France et avec mes proches. »
Anyss sera de retour en France, en juin prochain. En attendant, cette expérience à l’étranger est « le moyen de faire le point sur mes perspectives d’avenir et mon projet marocain. Ainsi j’ai pu découvrir que sur le marché de l’emploi marocain on pouvait être très bien considéré lorsqu’on possède les qualifications nécessaires. » Un employé qui occupe un poste comme celui qu’Anyss occupe aujourd’hui serait gratifié de nombreux avantages, tant au niveau du salaire et des horaires que du matériel : une voiture de fonction, un ordinateur portable et un téléphone portable. Voilà ce que bon nombre d’entreprises marocaines proposent à leurs cadres, le soleil en prime !
Réactions des internautes
Mardi 24 Novembre 2009, 00:05
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Lamentable
Manipulé par M. Descoings. Tout simplement.Sciences-Po est et restera une fabrique de bien-pensants et cela entache le combat, juste, contre les violences policières.
Choisissez un autre porte-parole, non pas à cause de sa couleur de peau ou de son origine, mais plutôt parce qu'il fait trop... Science-lampiste?
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