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Maria Nowak: « La création d'entreprise est un ascenseur social comme il y en a peu en France »

Lundi 06/04/2009 | Posté par Nadia Moulaï

L'Adie a lancé, la semaine dernière à la Cantine (Paris), Adie Connect, le premier site de microcrédit en ligne. Grâce à ce nouvel outil, Maria Nowak, présidente de l'association, compte bien apporter un coup de pouce aux milieux modestes tentés par l'entreprenariat. Rencontre avec la passionaria du microcrédit.

Vous lancez l'Adie Connect, un site de microcrédit en ligne. En pleine crise, c'est un pari audacieux ?

Audacieux, oui ! En même temps, on ne va résoudre la crise sans le travail. Les petites entreprises contribuent au développement local. En les additionnant toutes, elles ont un impact significatif. La pire des choses serait de ne pas soutenir l'économie réelle. Si l'on ne fait rien, si l'on attend que ça se passe, comment vivre uniquement grâce aux assedics ? La période est dure mais il faut créer pour en sortir. La crise touche beaucoup de gens pauvres et les prévisions du chômage pour le premier trimestre 2009 (on parle de 300'000 chômeurs supplémentaires) sont inquiétantes. Ce qui nous importe, c'est de développer l'économie réelle avec des entreprises réelles. 

Avec Adie Connect, vous voulez toucher de nouvelles cibles, comme les jeunes des quartiers ?

Oui, c'est l'une des cibles mais pas la seule. La distribution du microcrédit est facilitée par Internet car il permet de réduire les coûts. C'est un aspect important pour pérenniser le microcrédit. L'entreprenariat dans les quartiers concerne 18% des activités de l'Adie. Nous avons lancé Créajeunes afin de prêter aux jeunes entre 18 ans et 30 ans car ils n'ont pas toujours l'expérience des plus âgés. Le dispositif fonctionne déjà très bien en Seine-Saint-Denis, à Lyon et à Marseille. Nous souhaitons continuer dans ce sens car le problème de la jeunesse est le plus urgent en matière d'emploi. Une société qui ne donne pas d'emploi aux jeunes est une société suicidaire. Elle risque une explosion de violence et surtout elle ne pourvoit pas à son avenir.

Les jeunes des quartiers sont confrontés à différents problèmes: discrimination, chômage... Sont ils prédisposés à la création d'entreprise?

Oui, je pense. Selon un sondage Ifop (*), 50% des jeunes de quartiers veulent créer, et c'est d'abord parce qu'ils ont un accès difficile à l'emploi salarié. Ensuite, l'entreprenariat correspond davantage à la culture de leurs parents avec le travail en indépendant. Enfin, beaucoup ont pratiqué le commerce ou d'autres formes de services en aidant le grand frère, par exemple. Ils y viennent naturellement. A l'Adie, le public concerné est souvent en rupture. Certains sont diplômés, d'autres non. Alors, on essaie de les accompagner par la formation, le terrain.

Que diriez-vous à un jeune tenté par l'entreprenariat ?

Je lui dirais que ce n'est pas de tout repos, qu'il faut du courage, de la persévérance et aussi du savoir- faire. Mais c'est une aventure formidable, car on crée ! On a un projet d'avenir et c'est bien là le problème de la jeunesse. Beaucoup ne voient pas leur avenir. La création d'entreprise est un ascenseur social comme il n'y en a pas beaucoup en France. L'école ne suffit plus. Parmi nos clients, 20% d'entre eux ne savent ni lire, ni écrire. En même temps, on a 25% de diplômés universitaires. C'est donc deux extrêmes qui montent des projets différents et finissent pas réussir, c'est le plus important. Nous poussons les jeunes à aller au bout de leur talent.

 Propos recueillis par Nadia Moulaï

(*) Sondage réalisé par l'IFOP pour l'Adie et le Crédit Immobilier de France en mars 2006

Nadia Moulaï -