Les chimères africaines de Monsieur Hortefeux
Jeudi 22/01/2009 | Posté par Yacine Djaziri
29 796 personnes reconduites aux frontières de notre pays en 2008. C’est le chiffre étendard que brandit avec fierté Mr Brice Hortefeux, Ministre sortant de l’Immigration et de l’Identité Nationale mais aussi, parait-il, du Développement Solidaire.
A l’heure du bilan, il est légitime de s’interroger de l’intérêt de ce ministère et notamment de ses résultats : « A-t-il enrayé ou simplement dissuadé l’immigration clandestine ? A-t-il répondu au problème démographique posé par le renouvellement des classes d’âges et aux besoins de mains d’œuvre conséquent auxquels nous devrons faire face de façon croissante dans les années à venir ? »
S’agissant de l’immigration clandestine, même si elle reste impossible à évaluer par essence, peu importe, nos dirigeants politiques devront admettre qu’aussi longtemps que nos voisins africains nous considérons comme la principale issue à leur misère économique, tous les barbelés et miradors imaginables ne suffiront pas à dissuader ces aventuriers en quête d’une terre d’asile. L’homme cherchera toujours et trouvera inexorablement des sentiers pour vivre ou survivre. Cette réalité s’est démontrée au fil de l’histoire et cela dés la création artificielle de frontières.
Ainsi, j’aurais préféré lors de la présentation du bilan de Mr Hortefeux, une mise en avant d’un réel développement solidaire et non pas qu’il nous « montre ses muscles » au cours d’une chasse effrénée aux expulsions, véritable « déni d’humanité » selon les associations mobilisées.
Malheureusement, le développement solidaire n’est qu’une chimère au regard des sommes engagées en 2008 par le ministère de Mr Hortefeux avec seulement 23,6 millions d’euros pour 180 projets sur 23 pays prioritaires*. A la lecture de ces chiffres et comparés aux 180 millions d’euros injectés dans l’économie par les seuls Maliens résidents en France vers leurs pays d’origine l’an passé, on peut se demander sérieusement qui fait réellement du co-développement?
Concernant les besoins économiques, les secteurs en tension comme la restauration, le nettoyage ou bien le bâtiment manquent de façon criante de main d’œuvre et ce malgré la crise,. Entrepreneur dans le BTP et citoyen engagé, j’ai moi-même embauché et soutenu des « sans papiers » par nécessité car les métiers pénibles de manœuvres et maçons ne sont pas très en vogue ce qui rend l’embauche difficile. Aux côtés des militants associatifs ou politiques ou simples citoyens locaux, j’ai pu ressentir la détresse et l’angoisse d’hommes et de femmes qui n’aspirent qu’à vivre dignement au grand jour, ceux sont après tout, comme dit le poète, « nos frères humains », à qui l’on doit simplement le soutien et l’assistance à personne en danger.
Espérons que Mr Besson nouveau ministre de l’immigration et du développement solidaire ne se satisfera pas lui aussi de traiter uniquement le baobab qui cache la forêt.
Yacine Djaziri
*Chiffre du Ministère de l’immigration
Par Anonyme