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Les chemins du Seigneur…

Mercredi 25/02/2009 | Posté par Alexander Knetig

TRANSFERT D’ARGENT 4/5. Outre les Banas-Banas et les banques, la confrérie mouride s’avère également un bon moyen pour passer de l’argent d’un membre de la « famille » à un autre. Encore faut-il en faire partie…

Les Mourides sont, avec les Tidjanes, la plus grande confrérie musulmane du Sénégal. Grâce à l’appartenance de personnes très influentes à cette confession (et notamment, l’actuel président du Sénégal Abdoulaye Wade), cette confrérie a depuis plusieurs années le vent en poupe. Fondée sur la mystique soufi, les valeurs de cette communauté sont simples et populaires : ses leaders exaltent le travail et la solidarité au sein de la société. 

Ils se prononcent également en faveur du respect de la sagesse des personnes âgées et des élus au pouvoir, un autre aspect qui leur a apporté la bienveillance des cercles gouvernementaux. Grâce à cette influence, ils semblent avoir créé au cours des dernières années un système de transaction financière simple, efficace et autarcique qui se fonde sur des structures vieilles de plusieurs siècles.

Dans un pays où plus de 40% de la population s’affirme mouride, les Sénégalais ont appris à utiliser ce système, puisqu’il est en harmonie avec leurs valeurs culturelles et religieuses. Celles-ci ont d’ailleurs toujours été étroitement liées au commerce dans la région : « Au cours des 200 ans de notre existence, nous avons toujours été impliqués dans les transferts d’argent », déclare Sheikh Amadou Bamba, descendant des pères fondateurs de la confrérie et un des leaders spirituels de la communauté de Dakar. En fin de matinée, il reçoit souvent des membres de la communauté pour une audience, ou des étrangers qui veulent tout simplement en savoir plus sur la communauté. Confortablement assis dans un énorme canapé brun, il est vêtu d’un boubou blanc et a l’air très imposant pour ses 30 ans.

« Aujourd’hui, mes disciples décident souvent de partir à l’étranger pour soutenir leurs familles », explique-t-il. Mais puisqu’ils sont des membres d’une confrérie religieuse riche et influente, ils ne doivent pas renvoyer de l’argent par des transferts coûteux. « S’il y a une urgence, on peut donner de l’argent à la famille. » Un disciple arrive et nous sert du café fraîchement moulu de Touba. « Puis, mes disciples peuvent me rendre l’argent dès qu’il reviennent la prochaine fois au Sénégal. Ou bien ils font un transfert plus économique sur un de nos comptes en banque », suggère-t-il.

Tout reste donc plus ou moins dans la même famille, puisque l’énorme majorité des parents de ces disciples sont également membres de la communauté mouride. « Certains de nos membres décident alors de nous rapporter ou de nous envoyer tout l’argent et de nous le laisser distribuer ici », sourit-il, prend en main une télécommande futuriste et allume son nouvel écran plasma. La série télé préférée de Sheikh Bamba va commencer dans quelques instants. L’audience est terminée.

Néanmoins, ce système exclut ceux qui ne sont pas des membres de la communauté mouride. Albert Carera, lui, fait partie de la petite minorité chrétienne du Sénégal. « Ils n’accepteront pas forcément d’aider un ‘étranger’. C’est pour cela que je n’ai jamais essayé cette méthode. »

Alexander Knetig

Prochainement : L’avenir des transferts est aux méthodes alternatives (5/5)

Alexander Knetig -