« Les banlieusards sont plus motivés à se surpasser que les autres ! »
Mardi 28/10/2008 | Posté par Marlène Schiappa
Arnaud Debart, Directeur du management chez Carrefour, revient sur la politique d’un des plus gros pourvoyeurs d’emplois en banlieue, où les magasins sont fortement implantés
Pouvez-vous nous parler en quelques chiffres de la diversité chez Carrefour?
La diversité existe depuis toujours chez Carrefour, puisque 75% du personnel en magasins vient de la zone de chalandise, c’est-à-dire le quartier du magasin. Le groupe Carrefour a signé le Plan Espoir Banlieue et s’est engagé à recruter au total 1 600 personnes : 1 000 jeunes des Zones Urbaines Sensibles et 600 jeunes en stage ou apprentissage. Concernant les hypermarchés, nous sommes déjà à 768 recrutements !
Pourquoi avoir signé le Plan Espoir Banlieue ?
On a toujours accordé beaucoup d’importance à cette dimension de diversité. En 2004, on a signé la Charte Diversité pour donner plus de poids à nos actions, pour renforcer notre discours : c’est une problématique sociétale importante, et chez Carrefour nous recrutons sans discrimination. Il y a une vraie égalité des chances chez nous.
Par exemple ?
Nous avons mis en place des process de recrutement spécifiques : un dossier de candidature anonyme, rempli sous un pseudonyme, où on ne commence pas par les diplômes mais par les passions. À Carrefour, nous avons plus de 30 métiers, chaque candidat peut trouver, en fonction de ses passions et ses centres d’intérêts, celui dans lequel il va s’épanouir. Nous avons aussi des accords de recrutement avec les ANPE dans le cadre des EMT (évaluations en milieu de travail) : on recrute par simulation, en mettant les candidats en situation pour qu’ils puissent montrer leurs capacités à faire du commerce.
Et au niveau de l’évolution ?
Elle est la même pour tous. Chez Carrefour, que vous ayez un Bac +5 ou que vous soyez sans diplôme, vous avez toutes vos chances pour faire votre place et évoluer dans la société. Un chiffre fort le prouve : 75% de nos cadres viennent de l’interne, ils étaient employés en magasins.
Parmi les directeurs, beaucoup sont donc issus des banlieues ?
On ne compte pas exactement, mais comme 90% des directeurs sont issus de promotions internes, on retrouve en effet beaucoup de personnes recrutées en banlieues à des postes de direction.
Les contrats proposés aux jeunes de banlieues sont souvent précaires. Et les vôtres ?
À Carrefour 92 % des salariés sont en CDI. On développe également beaucoup les contrats de professionnalisation : ils permettent de faciliter l’accès des jeunes au monde du travail.
Il y a quelques mois, on a beaucoup entendu parler de la grève des caissières à Marseille. La situation s’est-elle arrangée ?
Ce n’est pas mon domaine, je ne saurais pas vous répondre.
Dans les magasins, vous recrutez donc beaucoup de personnes de banlieues ou issues de la diversité. Qu’en est-il au Siège, pour les fonctions supports ? (ndlr : comptables, communication, etc.)
Il y a beaucoup de passerelles entre magasins et siège, donc c’est la même chose. La plupart des gens du siège viennent des magasins et donc de banlieue ou de la diversité !
Trouvez-vous que les personnes recrutées en banlieues aient des qualités que les autres n’ont pas ?
Des qualités que les autres n’ont pas, je ne sais pas, mais des qualités plus renforcées que les autres, c’est certain : Chez ceux qui n’ont pas eu accès à des études, on voit un gros potentiel qui ne demande qu’à s’exprimer. On leur ouvre le monde du travail, et comme ils ont eu des difficultés à y accéder, ça les rend plus consistants, plus motivés pour se surpasser. Ils ont aussi un fort degré d’appartenance aux magasins, qui sont en ZUS (zone urbaine sensible). Travailler dans une entreprise de leur région, de leur banlieue, renforce leur sentiment d’intégration dans la société.
Propos recueillis par Marlène Schiappa
Par Anonyme