Le « Yes we can » version Seine-St-Denis
Vendredi 07/11/2008 | Posté par Nordine Nabili
Les électeurs américains viennent d’injecter un produit miracle dans les veines des jeunes des banlieues. Dans la nuit du 4 au 5 novembre, l’imaginaire collectif de centaines de milliers de jeunes s’est enrichi d’un nouveau slogan : « Yes we can ». Après cet ouragan politique mondial et à la lecture des journaux, j’ai été surpris de constater, une fois de plus, l’absence de réaction des grands patrons de l’économie française devant un événement aussi considérable. D’accord, en ce moment, ils rasent les murs, ils sont un peu penauds devant la situation catastrophique des courbes de la bourse. Mais tout de même, cette absence alors que l’euphorie traverse la planète du nord au sud, c’est tout de même très curieux.
Évidemment, ce sont les politiques qui sont en première ligne avec la logorrhée habituelle, usant les uns et les autres de formules passées à la moulinette des brain storming de leur armée de conseillers en marketing politique. Au fond, toutes ces réactions de la microcosmique élite parisienne ne font qu’entretenir l’illusion, alors que cette élection vient de mettre, en l’espace de quelques heures, un sacré coup de vieux à nos modes de pensée.
Le Yes we can d’Obama est un message simple qui a pour seul objectif de redonner confiance. Les experts ont parlé de « crise de confiance » pour expliquer l’une des causes de l’effondrement du système financier mondial. Eh bien, à une échelle plus petite, c’est cette confiance du monde de l’économie vis-à-vis d’un territoire à l’image de marque catastrophique qui fait cruellement défaut. Impossible dans ce cas de créer une dynamique vertueuse dans les quartiers populaires. Sans elle, rien n’est possible.
La confiance est le résultat de faits et de comportements. C’est au monde économique de s’intéresser aux potentiels de croissance des quartiers dans un rapport gagnant-gagnant. Parce qu’il ne faut pas aller en banlieue pour vendre des bons sentiments, mais bien au contraire, pour chercher ce fameux point de croissance qui manque tant à l’économie française depuis une décennie ! C’est au monde politique de créer les conditions juridiques pour accompagner ce développement. C’est aux porteurs de projets d’aller à la rencontre des personnes compétentes pour développer leurs activités.
Ce chantier de la confiance a besoin d’une identité forte dans chaque ville, d’un espace de rencontres décloisonné où le banquier croise le politique avant son rendez-vous avec un porteur de projet. Cette démarche doit s’appuyer sur une orientation politique ambitieuse, des objectifs quantifiables, mais surtout par des actes pour mettre fin au cynisme politique et aux schémas stériles et vaporeux. « Yallah ! » comme disait Sœur Emmanuelle.
Par Anonyme