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Le succès des Beurs dans la finance

Lundi 16/03/2009 | Posté par Nadia Moulaï

Les Français issus de l’immigration maghrébine sont nombreux dans les salles de marchés. La raison ? Une aisance pour les mathématiques. Nadia s’est intéressée à ce secteur marqué par la crise et la diversité

L’un est trader, l’autre auditeur financier. Samy, 32 ans et Amine, 31 ans, travaillent dans un la finance de marché. Eh oui ! car dans le secteur, aujourd’hui très controversé, les beurs sont très prisés ! « Les maghrébins y sont légions ! », souligne Samy, trader depuis 5 ans. Qui l’eût cru ? Surtout en France où les entreprises traînent encore la patte pour recruter dans la diversité. Visiblement, en finance de marché, la diversité va de soi.

Selon Fadila Palmer, PDG de Lunalogic, une société de conseil spécialisé en finance de marché, « certaines banques ont très tôt pratiqué la diversité des cultures dans leurs recrutements, très naturellement. Leur priorité étant la recherche de l’excellence et des compétences quelque soit l’origine ethnique des candidats. » Des propos confirmés par Amine : « Ça fait 8 ans que je bosse dans la finance et c’est vrai que c’est très coloré, dit-il, enthousiaste. À ce qu’il se dit, les Franco-maghrébins excellent dans les matières technico-scientifiques », poursuit-il. Mais cette inclination pour la finance s’explique de manière rationnelle.

« L’intérêt des Franco-maghrébins pour les matières mathématiques reste constant tout au long des études secondaires puis universitaires », souligne Fadila Palmer. Et quand les candidats au trading ou à l’ingénierie financière viennent du Maghreb, leurs aptitudes sont encore plus nettes. « Nous avons remarqué que les profils ayant effectué leurs études secondaires au Maghreb avaient en moyenne un niveau supérieur en maths par rapport aux candidats ayant effectué leurs études secondaires en France. L’enseignement de l’algèbre poussé s’effectue dès le cursus secondaire. En France, on attend les classes préparatoires pour enseigner cette discipline », ajoute la dirigeante de Lunalogic.

Reste que les Franco-maghrébins sont bien vus dans les salles de marché. À tel point que les profils spécialisés en trading, ingénierie financière ou encore informatique issus des quartiers populaires fourmillent dans le secteur. « Dans ma salle, on est une centaine. Il y a environ 4 traders et 15 assistants traders, tous d’origine étrangère », d’après Samy. Amine poursuit : « D’après ce que je vois, on est bons en maths surtout dans les matières techniques… »

Amine ne fait, donc, pas figure d’exception. Originaire de Cergy dans le Val d’Oise, sa vocation se dessine assez vite. Bac économie, un master 2 en Banque Finance avec en parallèle des études d’expert-comptable ! Après un stage de fin d’étude dans une banque, il est embauché dans l’un des fleurons financiers français. Il y passera quelques années avant de rejoindre un établissement bancaire étranger.

Même si la crise est loin d’être passée, Amine est plutôt bien loti. Il ne nous dévoilera ni son salaire, ni le montant de son bonus. Seule information : « J’ai fait une grosse culbute de salaire – environ 40% – entre la 2e et la 3e banque. » Par les temps qui courent, il préfère rester discret sur le nom de sa banque et surtout les montants de sa rémunération globale. Idem pour Samy, le trader. Et s’ils s’entendent sur la nécessité de rester circonspect sur leur salaire, les deux financiers ont un point de vue bien différent sur ce qui les préoccupe en ce moment, la crise.

« Oui, la prise de risque et les traders qui prennent des positions incontrôlées pour obtenir des bonus, sont l’une des origines de la crise », lance Amine. Pour Samy, trader depuis cinq ans l’explication est superficielle : « Tu oublies comment la FED et le gouvernement Bush ont encouragé des millions d’Américains à s’endetter pour acquérir des biens immobiliers. » À ce moment-là, on prend de la hauteur, loin « des clichés véhiculés dans la presse » souffle Samy. Car sur le sujet, l’image des traders est définitivement écornée.

Pourtant, « on oublie que les traders c’est souvent la crème de la crème, Polytechniciens, centraliens », rappelle-t-il. Alors traders, tous coupables ? « Non, n’oubliez pas que la finance de Miami, c’est Dubaï sauf que tout est construit sur le crédit… »

Nadia Moulaï

Nadia Moulaï -