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Le « Plan B. » des jeunes chefs d’entreprise du 95

Mardi 03/02/2009 | Posté par Nadia Hathroubi

11 sur 20 », c’est la note que s’est attribuée la semaine dernière, Fadela Amara, la secrétaire d’Etat à la Ville, consciente des espoirs déçus. Pour elle, « l’ensemble du gouvernement et l’ensemble des acteurs qui tournent autour de la politique de la ville » peuvent « largement mieux faire ». Un avis partagé sur le terrain par les associations et les élus. C’est le cas de Moussa Camara, président de l’association « Agir pour réussir », qui œuvre à Cergy.

Il était à l’Elysée parmi les invités de Nicolas Sarkozy le jour de l’annonce du plan. Évoquant des sujets sensibles comme l’égalité des chances, l’éducation, la sécurité, les transports, le social, le président de la République y avait détaillé, sa politique en faveur des banlieues, « priorité du quinquennat. « C’est vrai qu’à ce moment-là, je me suis dis encore un plan banlieue, mais la manière dont le président en parlé, je me suis dis : "peut-être" », avoue l’entrepreneur de 23 ans. À quelques jours de cet anniversaire, Moussa Camara se veut plus pragmatique, « concrètement, je n’ai pas vu d’améliorations, je dirais même que c’est pire avec la crise ».  Très actif sur le terrain, il avoue ne pas comprendre ces effets d’annonces à répétitions pratiqués à tous les échelons : « J’ai été reçu par le préfet à l’égalité des chances, Jean-Claude Fonta, qui nous a parlé d’un projet : "les 10 000 bâtisseurs". Ce projet était sensé favoriser l’emploi des jeunes dans le BTP, mais nous, sur le terrain, on était au courant de rien. » C’est donc sans grand enthousiasme qu’il attend le 6 février prochain, le grand rassemblement prévu à Dreux dans le cadre du programme « Espoir Banlieues, une dynamique pour la France » : « J’ai été reçu deux fois par le cabinet de Fadela Amara, et au nom de l’association, j’ai fait des propositions concrètes… j’attends toujours d’être rappelé. »Un an après son lancement, le Plan Banlieue affiche un bilan bien mince. Dans le Val-d’Oise (95), difficile d’obtenir des résultats chiffrés, les institutions concernées se renvoient la balle. Du coup, les entrepreneurs adapte le Plan au système D.

Un sentiment mitigé que partage Farid Echeikr, maire-adjoint à Fosses, chargé du développement économique, de l’emploi et de la tranquillité publique : « On a recopié ce qui existait avant, il n’y a rien de novateur. C’est pourquoi ce plan n’a pas suscité d’adhésion dans les quartiers. »

Pour Farid Echeikr, le principal défaut de cet énième plan banlieue est le manque de coordination entre les territoires : « On élit un quartier, une zone dans une ville et ce qui est autour est négligé. Les problèmes sont transversaux, on ne peut parler de délinquance à Fosses, Goussainville, ou Sarcelles sans se pencher sérieusement sur la délinquance du RER D », s’indigne l’élu qui regrette une politique basée sur l’assistanat. « On dit aux jeunes : "Monter une association, on vous donnera des subventions". On leur donne un peu oxygène tout en les maintenant dans leur misère. » Pour ce chef d’entreprise, la solution est toute trouvée : « Il faut susciter l’envie d’entreprendre. »

Il vient de proposer une adaptation étonnante du volet rénovation urbaine pour dynamiser l’activité économique de sa commune. « Lorsque j’ai pris connaissance du plan de rénovation urbaine pour Fosses, une idée a germé. Le bailleur social ne peut libérer ses appartements qu’au compte-goutte. De ce fait, il faudra entre 12 et 36 mois pour finaliser la destruction des immeubles. Alors l’idée est simple : durant la période où les logements resteront vacants, pourquoi ne pas permettre à de jeunes entrepreneurs de s’y installer provisoirement, afin de leur épargner le prix d’un loyer handicapant à un moment où ils possèdent peu de liberté financière. J’ai donc contacté le bailleur, qui est très favorable à ce genre d’initiative. »

Justement la rénovation urbaine est le seul point positif de ce bilan : 12 milliards ont été engagés dans 500 quartiers. Pour faire face à la crise, le gouvernement a anticipé le versement de 350 millions d’euros permettant les nouveaux travaux en 2009.

Pourtant, a averti le 19 janvier 2009, Gérard Ségura, président de la commission rénovation urbaine de l’Association des maires de l’Ile-de-France (Amif), « le compte n’y est pas » pour compenser l’augmentation des coûts de la construction, et « des projets vont rester en panne ». Il a ainsi évalué « entre 800 et 850 millions d’euros le différentiel en Île-de-France » entre les coûts prévus et réels, des travaux.

Nadia Hathroubi -