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«Le microcrédit est un moyen de réconcilier action sociale et économie»

Mercredi 16/12/2009 | Posté par Chaker Nouri

Le surendettement explose, le chômage continue d’augmenter, la pauvreté s’accentue... Face à ces maux le microcrédit peu-il être un remède ? Pour le savoir le Business Bondy Blog a rencontré Nicolas Trénec, Responsable Crédit de l’Association Pour le Droit à l’Initiative Economique (Adie), qui nous livre son point de vue.
 
Qu’est ce que le microcrédit?
C’est un petit prêt destiné aux personnes exclues du prêt bancaire. L’Adie propose 2 types de prêts. Le microcrédit professionnel, qui finance la création ou le développement d’entreprises de 5 ans. Tout type de projet et tout type de besoin peuvent être financés par l’Adie.
Le microcrédit personnel pour l’emploi (MCPE), qui permet de financer des dépenses nécessaires au retour ou au maintien dans l’emploi salarié (permis de conduire, véhicule, formation…)
 
Qui sollicite le microcrédit?
Les personnes exclues du prêt bancaire, qui ont un projet de création déjà réfléchi. Qu’ils soient chômeurs, inscrits au RSA ou aux Assedics, salariés « précaires », l’Adie les reçoit, les accompagne et les finance. D’autre part, les personnes recherchant un emploi salarié, ou déjà salariées mais qui ont un besoin de financement peuvent avoir un MCPE.
Beaucoup de personnes issues des quartiers dits «sensibles» viennent nous voir, notamment en Ile-de-France.
 
Quelles sont les conditions pour bénéficier d’un microcrédit?
Condition nécessaire pour bénéficier d’un microcrédit: être exclu du prêt bancaire.
Il faut ensuite avoir un projet de création auquel la personne a déjà réfléchi. Les personnes fichées ou en situation de surendettement peuvent voir leur demande examinée ; cependant, l’Adie regarde avec attention les démarches faites pour régulariser la situation. L’Adie accorde, également, une importance particulière au montant de l’endettement pour les personnes qui y sont confrontées.
 
Quelle est la démarche à suivre ?
Le plus simple (et le moins cher !) est de contacter notre numéro vert* que ce soit pour le microcrédit pro ou le MCPE.
Un accueil est fait, qui débouche sur un rdv en agence avec un conseiller crédit. Si le besoin s’en fait ressentir, l’Adie propose aussi un accompagnement gratuit pour finaliser le projet.
Je précise aussi que les conseillers de l’Adie sont très souvent sur les marchés, chez les commerçants, chez les partenaires, etc… pour se faire connaître et faire découvrir l’Adie.
Pour les « Jeunes « (18–30 ans), un dispositif spécifique a été créé : CréaJeune*. Un accompagnement personnalisé/coaching est proposé pendant une durée qui peut aller jusqu’à 3 mois, avec un tuteur référent et un stage auprès d’un travailleur indépendant. CréaJeune débouche ensuite sur l’étude du dossier par le conseiller crédit de l’Adie, et potentiellement sur l’obtention d’un microcrédit.
 
Quel est le montant maximum du prêt et quel est le taux d’emprunt ?
Concernant le crédit pro, le montant maximal consenti est 6000 € avec un taux d’emprunt à 9,71 %. Autre condition nécessaire, la candidat doit fournir une caution solidaire de l’entourage sur la moitié de la somme prêtée.
Pour le MCPE, le montant maximal est 3000 € et le taux d’emprunt de 9,20% avec les mêmes conditions de cautionnement.
 
 
En quoi le microcrédit, peut-il être un remède contre la précarité?
Le microcrédit est un outil réel et concret, avec des effets immédiats. Les délais de l’Adie sont courts (10 jours en moyenne pour le décaissement du microcrédit), et les personnes n’ont pas à attendre des mois de déblocage pour remettre le pied à l’étrier.
Avec un petit crédit, on achète un peu de stock, du matériel, un véhicule, etc… Et on peut tout de suite aller bosser. On peut aussi financer son permis ou une formation, rapidement.
 Au final, le microcrédit est un moyen de réconcilier action sociale et économie il permet de retrouver une position socio-économique de « producteur », et de sortir de celle de « consommateur » assisté socialement.
 
L’Adie s’est associée récemment au Pôle emploi. Pourquoi cette union?
Pôle Emploi a souhaité s’appuyer sur l’Adie, ses implantations et son expérience du microcrédit pour développer le MCPE. Trop souvent les aides existantes sont incomplètes ou difficilement mobilisables. Le MCPE est une alternative donnant de bons résultats. Là aussi, rapidité, expérience et effet immédiat sont des atouts ! Côté Adie ce partenariat nous permet de bénéficier du réseau d’agences du Pôle Emploi pour faire connaître le MCPE et avoir une bonne prescription.
 
Prévoyez-vous de vous associer à d'autres établissements financiers?
Nous avons déjà des partenariats avec certaines banques (BNP Paribas et le Crédit Mutuel) pour des ouvertures de comptes professionnels à des tarifs préférentiels, pour les personnes qui ont créé leur boîte avec l’Adie. Je précise que l’Adie n’est bien sûr pas rémunérée par ces banques en cas d’ouverture de compte pro!
 
Quelle est la situation du marché du microcrédit en France?
Globalement, le secteur est en développement, même s’il subit les effets de la crise. Il est délicat de créer une entreprise en temps de ralentissement de l’économie. Nous subissons là les mêmes effets que les banques !
Ceci dit, en temps de crise de l’emploi salarié, la création d’entreprise via un microcrédit reste une réelle opportunité pour s’en sortir. Il faut bien sûr bien se préparer, s’il le faut prendre son temps, mais plus de 2000 personnes financées en Île-de-France à fin novembre par l’Adie en 2009 sont la preuve qu’on peut le faire !
 
Pourquoi ce système de crédit est en plein boom dans les pays en voie de développement?
Là aussi, on retrouve les effets bénéfiques cités plus haut ; rapidité, outil très concret, très ciblé, amélioration tangible et à court terme des conditions de vie des personnes financées.
Les « Grands » (gouvernements, institutions internationales, fondations et donateurs…) se rendent compte que c’est un outil plus efficace (car plus ciblé) que de grand programmes de subventions détournés par les administrations parfois corrompues ou par des politiques d’ajustements structurels orientés économiquement et politiquement.
 
Le surendettement explose en France, le microcrédit peut-il apporter une solution à ce fléau?
Oui. L’obtention d’un microcrédit est conditionnée à une étude poussée par le conseiller de la situation de la personne en demande. Les « pour » et les « contre » sont pesés avec les personnes. C’est une différence importante avec d’autres organismes de crédit, à but lucratif, qui financent des personnes pour «faire du crédit». Rappelons que l’Adie est une association à but non lucratif !
Ensuite, nous proposons un accompagnement personnalisé à toute personne qui a eu un microcrédit (accompagnement non obligatoire, sur la base du volontariat). Dans le cadre de cet accompagnement, des modules de gestion et d’éducation financière existent. C’est aussi un moyen de faire passer des messages préventifs et de lutter contre le surendettement.
 
Depuis la crise, le système financier tente de se moraliser. Le développement du microcrédit peut-il jouer un rôle? 
Oui. L’accès au crédit pour les plus pauvres est un vrai moyen, d’une part d’ouvrir l’éventail des possibles à toutes et tous et de bâtir un secteur financier qui « inclut », plutôt qu’il « n’exclut ». D’autre part, c’est aussi un moyen de changer l’image de la finance, de montrer qu’en soit l’argent n’est pas sale, mais qu’il permet de s’en sortir, au même titre que l’éducation, la formation, ou la culture…
Il faut aussi saisir l’occasion des remises en questions sur le système financier pour s’interroger sur le secteur du microcrédit et de la microfinance lui même, et réfléchir à certaines pratiques qui sont elles aussi des dérives, de la part des opérateurs du microcrédit à l’international. Il faut donc aussi réfléchir aux moyens de «moraliser» le secteur du microcrédit et de la microfinance, pour qu’il ne perde pas son sens et sa mission d’origine.
 
 Chaker Nouri
 
*Demande de microcrédit: contactez le 0800 800 566 (n°vert)
*Obtenir des informations sur Créajeune 
Contactez le 06 43 78 80 70 ou le n°azur 0 810 708 780 (coût d’un appel local depuis un fixe).

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