Chaque année, 4000 pèlerins en partance pour la Mecque voient leur rêve brisé par des agences indélicates. Pour mettre fin aux pratiques de ces agences peu scrupuleuses, l'association France- Hajj et le site Al-Kanz, co-éditent le Guide du hajj sans souci. Il est distribué gratuitement gratuit et téléchargeable sur le net. Fateh Kimouche, créateur d’Al-Kanz, le site des consommateurs musulmans nous éclaire :

 

Nous étions en octobre 2007, quelques semaines avant les premiers départs à La Mecque, et déjà des prospectus douteux faisaient leur apparition. Cette année encore des prétendants aux pèlerinages allaient se faire arnaquer. Sauf s'ils étaient mis en garde avant de choisir leur agence. L'idée du guide est alors née : en offrant aux futurs pèlerins et à leur famille la possibilité de décrypter les nombreuses offres pendant les semaines qui précèdent le hajj, on rendait plus difficile l'arnaque. Destiné à un large public, le guide devait être simple, concis et surtout efficace, afin que les informations qu'il contenait soient immédiatement comprises et surtout applicables. Ca a été le cas. Le guide a trouvé son public et a servi à de nombreuses personnes dès la première édition, quelques semaines avant le hajj 2007. L'information du consommateur est une arme redoutable contre les voyous et tous ceux qui, attirés par cette nouvelle niche de consommateurs, les consommateurs musulmans, veulent leur argent sans vraiment respecter leurs droits ni même les lois en vigueur.

 

 

Pas avec le CFCM, mais avec l'ancien président du CRCM d'Alsace, qui a mené une campagne efficace sur le terrain en Alsace, permettant ainsi à des centaines de pèlerins de ne pas se faire avoir, notamment par des agences transfrontalières. Quant aux institutions françaises, nous n'avons pas travaillé avec elle. En revanche, elles ont accueillies ce travail avec enthousiasme, puisque le président de la République l'a salué, ainsi que Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur et des Cultes.

 

 

Par l'information : il faut tarir la source qui les enrichit. Cette année, une certaine nervosité a caractérisé la préparation du hajj. Les pèlerins étaient plus exigeants, plus regardants sur les offres et les voyagistes plus méfiants ou tout au moins plus présents et soucieux de bien faire les choses. Le Guide du hajj, mais aussi la médiatisation du problème (arnaques au hajj) et les nombreuses plaintes qui ont été déposées après le hajj 2007 contribuent à un assainissement du marché. Les autorités françaises ont aussi, cette année, décidé de faire plus d'efforts en triplant par 3 (50 000 exemplaires) le tirage de leur brochure bilingue - français arabe - de prévention.

Pour ces voyagistes indélicats, ce n'était pas une niche mais plutôt un filon presque protégé : dans la communauté, les anciennes générations non seulement étaient vulnérables, mais en plus n'osaient pas porter plainte contre les voyagistes véreux. Aujourd'hui, avec le renouvellement de génération, et la spécificité des musulmans nés en France, ce n'est plus possible. Ces voyagistes ont à faire à des consommateurs avertis qui connaissent leurs droits et qui exigent qu'on les traite comme on les traite ailleurs. Acheter un billet pour le hajj ou un séjour au Mont-Saint-Michel doit se faire dans les mêmes conditions avec les mêmes exigences de qualité et de service.

Ces voyagistes ne sont en rien intouchables. Ils se sentaient protégés tant qu'ils pensaient que les musulmans étaient "entre eux" et qu'ils pouvaient jouer sur la fibre (faussement) fraternelle et communautaire. Mais les choses changent. Reste que le renouveau ne pourra venir que des consommateurs : s'ils se laissent faire, les voyagistes continueront. Si un pèlerin floué dit qu'il n'y a pas de problème, comment confondre un voyagiste véreux ? Le sentiment d'impunité facilite l'arnaque.

 

 

Si les chiffres officiels tournent autour de 4 000, je pense qu'il est impossible de le savoir vraiment. A partir de quand peut-on considéré qu'un pèlerin est floué ? Quand il est privé de hajj et qu'on ne le rembourse pas, quand il se retrouve à des kilomètres de la Mosquée sacrée alors qu'on lui promettait un hôtel à 500 m ou encore quand il doit partager une chambre ave 10 personnes au lieu des 4 personnes annoncées ? Par ailleurs, beaucoup de musulmans refusent aujourd'hui encore de porter plainte ou simplement de reconnaître avoir été floués.

 

 

Il faut d'abord qu'ils considèrent que partir au hajj c'est comme partir au bled ou partout ailleurs. Ce séjour répond à des règles très strictes. Ce n'est parce que le voyagiste est musulman (sic) que l'on doit faire les choses sans rigueur. Il faut combattre cette vision non seulement dévoyée mais surtout dangereuse de la fraternité. Le voyagiste a des devoirs envers le pèlerin qui doit s'assurer qu'ils sont bien remplis. Cela nécessite donc en amont que le pèlerin s'informe.

Après le hajj, si on a été floué, il faut le faire savoir et dénoncer les agences véreuses. Et peut-être que le jour où des voyagistes seront officiellement condamnés

Le plus grand drame réside peut-être dans l'agitation épisodique des musulmans qui s'émeuvent de toutes ces arnaques lorsqu'elles sont médiatisées après le hajj, mais qui très rapidement retombent dans une indifférence qui profite aux voyagistes. Jusqu'à l'année d'après. Cette indifférence profite, comme l'impunité, aux plus malintentionnés.

 

On tourne aux alentours de 280 000 visiteurs mensuels, plus de 600 000 pendant ramadan, et nous prévoyons de doubler le trafic à court terme.

 

Leïla Mégnant