Label diversité, oui mais à quel prix ?
Vendredi 12/06/2009 | Posté par Nadia Moulaï
Le 14 mai dernier, cinq nouvelles entreprises décrochaient le label diversité. Parmi elles, Casino, Vinci ou Norsys une SSII lilloise rejoignent le club, encore trop fermé, des douze entreprises françaises labellisées. Mais à peine installé, le label diversité fait déjà débat surtout dans les PME/ TPE. En cause, les montants à déployer pour se le voir attribuer…
« T’as encore rien fait qu’il faut payer 1500 euros! » Pour ce patron d’une agence d’intérim, qui préfère rester anonyme, « l’attribution du label diversité aux entreprises, c’est plus du tapage médiatique qu’autre chose sans compter le coût financier qu’elle implique. » C’est vrai que pour candidater au label diversité, les entreprises doivent répondre à un cahier des charges en cinq points.
Parmi les critères à remplir, la réalisation d’un diagnostic ou de formation diversité destinés à l’interne. Or, c’est là que le bât blesse. Dans l’univers des PME/ TPE, où il n’y a pas de petites économies, les moyens ne sont pas toujours extensibles.
Réda Didi consultant en ressources humaines est sceptique sur le sujet. « Beaucoup de PME sont actives dans la lutte contre les discriminations mais peu d’entre elles auront les moyens d’obtenir le label.» D’autant que la mise en œuvre du cahier des charges avoisinerait les 15000 euros. Benjamin Blavier, responsable du pôle promotion de la diversité, est plus nuancé. « Le montant d’une labellisation pour une PME/ TPE n’est pas aussi élevé que pour une grande entreprise. Il n’est pas question d’avoir un coût prohibitif » précise t-il. Avant d’ajouter, « que les PME qui candidatent sont déjà engagées en amont dans la lutte contre les discriminations.»
Du coup, les dépenses liées au cahier des charges s’étalent dans le temps. Comme chez Norsys, une SSII basée à Lille, qui a décroché le fameux label, le 14 mai dernier. Sylvain Breuzard, le PDG, dirige une entreprise de 200 salariés. Pas peu fier d’avoir été distingué pour son engagement contre les discriminations, il rappelle que le label devrait être « un point d’orgue et non une fin en soi. Nous avons lancé un projet, il y a quatre ans. J’ai élaboré un outil de diagnostic, on a identifié les points à améliorer puis on s’est lancé dans les cv anonymes » poursuit- il.
Quand on lui parle du coût engendré par ces mesures, Sylvain Breuzard répond sans ambigüité. « Ce qui chiffre, c’est de rendre des employés disponibles pour les former aux questions de diversité…car pendant ce temps, on ne produit pas. » Autre poste budgétaire, la mise en place du cv anonyme. « Certains patrons disent que la mesure est trop chère, c’est faux. Il faut une minute avec Word pour rendre un cv anonyme. N’oublions pas que les PME ne recrutent pas autant que les grosses entreprises. Et puis, c’est aussi l’occasion de professionnaliser les ressources humaines » explique t-il.
Côté IMS, on concède que les coûts déployés par une entreprise peuvent varier en fonction de l’externalisation. « Sur la formation interne par exemple, le RH peut utiliser le module d’e-learning de la Halde. » Quoiqu’il en soit, selon Sylvain Breuzard le label ne devrait pas être réduit à des contraintes de coûts. « Les sujets liés à la diversité ont une prise directe sur la société. » Pas sûr que cela suffise à convaincre les plus réfractaires au changement. Justement, les lignes pourraient bientôt bouger et plus vite qu’on ne le pense. Selon Inès Dauvergne de l’IMS, « de plus en plus de grandes entreprises incluent des critères diversité dans leurs fonctions achats. La diversité pourrait devenir un facteur concurrentiel… » Business is business.
Nadia Moulaï
Pour aller plus loin :
IMS : http://www.imsentreprendre.com/
Norsys: http://www.norsys.fr/
Halde: http://www.halde.fr/
Casino: http://www.casino.fr/
L’Oréal : http://www.loreal.fr/_fr/_fr/index.aspx?
Vinci : http://www.vinci.com/
Par Anonyme