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La vérité sur l’ACCRE

Vendredi 21/11/2008 | Posté par Marlène Schiappa

Certains spécialistes déconseillent aux entrepreneurs de tenter d’obtenir les avantages de l’ACCRE. Le temps d’un entrepreneur étant précieux, il vaut mieux démarcher des clients plutôt que de remplir des formulaires fastidieux

L’ACCRE est le dispositif public le plus connu d’aide à la création d’entreprise. L’Aide aux Chômeurs Créateurs et Repreneurs d’Entreprise a, en théorie, tout pour plaire, à commencer par une exonération de charges. 

Pendant un an, sous condition de se salarier, d’être l’associé majoritaire de la société et d’avoir vu son dossier accepté, le bénéficiaire n’aura donc que son salaire brut à régler. L’ACCRE propose aussi des options liées aux indemnités ASSEDIC :

* Le report des droits ASSEDIC : si votre société ne fonctionne pas, vous récupérerez le solde de vos droits après la faillite. Pas très réjouissant, mais plutôt rassurant quand on sait que les assurances perte d’emploi des entrepreneurs sont quasi inexistantes.

* Une avance : les ASSEDIC vous avancent jusqu’à la moitié des droits restants (par exemple, s’il reste 8 mois d’indemnités, vous recevrez un chèque de 4 mois d’un coup pour vous aider au démarrage)

* Le maintien de vos droits : Pendant un temps donné, variable selon les indemnités restantes, vous recevrez des indemnités ASSEDIC comme si vous étiez encore chômeur.

Pour en bénéficier, dans un premier temps, il faut vous adresser à votre conseiller ANPE. Ensuite, la caisse ASSEDIC prendra le relai, enfin il vous faudra déposer une demande formelle lors du dépôt de vos statuts au Centre de Formalité des Entreprises, la plupart du temps dans les Chambres de Commerce. Attention, ne vous attendez pas à recevoir des conseils personnalisés. Au mieux, on vous donnera le dossier à remplir et la liste des documents à joindre. Au pire, on vous dira qu’il n’y en a plus et que vous pouvez le trouver sur Internet en cherchant bien…

Une fois la demande officielle déposée (vous avez 45 jours maximum après la création d’entreprise pour le faire) vous n’êtes pas au bout de vos peines : la décision d’accorder l’ACCRE n’est pas automatique et est totalement arbitraire. En cas de refus, vous n’avez pas de recours. Business plan, feuillets officiels, CV, niveau de qualification, parcours, l’ACCRE est un dossier très long à préparer. Certains cabinets d’avocats spécialisés dans la création d’entreprise déconseillent même à leurs clients d’en faire la demande. Le temps d’un entrepreneur est très précieux, et il vaut mieux démarcher des clients plutôt que perdre du temps à remplir des formulaires fastidieux et sans résultat garanti. Les chômeurs-entrepreneurs eux-mêmes restent sceptiques.

Une conseillère ANPE de Seine-Saint-Denis nous confie, sous couvert de l’anonymat, qu’à son avis, l’ACCRE est destinée à orienter les chômeurs vers d’autres voix que le salariat, et ainsi à faire baisser les chiffres du chômage : vous continuez à être payé par les ASSEDIC, mais les ANPE peuvent vous rayer des chiffres des demandeurs d’emploi en toute bonne conscience. La preuve : ce programme ne propose aucun accompagnement. Les entrepreneurs sont livrés à eux-mêmes, et le seul cas évoqué avec eux est la faillite. En bref, on vous encourage plus à aller voir ailleurs si l’ANPE y est qu’à vraiment entreprendre…

Si vous voulez vous lancer quand même (après tout, qui ne tente rien n’a rien) le document à remplir se trouve ici.

Par Marlène Schiappa

Marlène Schiappa -