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L’insertion professionnelle sur les planches

Jeudi 12/03/2009 | Posté par Sébastien Cahn

Et si le théâtre permettait de trouver un emploi ? Difficile à croire en ces temps de crise. Le comédien Hassan Saleh prouve le contraire. Entretien

J’ai rendez-vous au Bar de la Marine, sur le Vieux-Port, avec Hassen Saleh. Nous arrivons tous les deux en même temps. N’ayant aucune idée de l’apparence de mon interlocuteur, je m’enquiers timidement : « Hassen ? » Ce dernier acquiesce et me serre chaleureusement la main. À peine attablés, le tutoiement est déjà d’usage. En charge des ateliers Chants libres (initiés par la Maison de l’Emploi), le comédien revient sur la manière dont il utilise le théâtre au profit de l’insertion professionnelle des jeunes en difficulté.

En quoi consiste ta méthode ?

Les jeunes qui viennent me voir sont pour la plupart dans un processus d’échec dont ils ignorent les causes. Par des exercices, j’essaye de les aider à déceler les blocages qui les empêchent d’avancer. J’utilise des jeux de rôles et l’identification à des personnages pour leur faire prendre conscience des traits de caractères qui peuvent poser un frein à l’embauche. Pour certains, il s’agit d’une timidité extrême, pour d’autres ça se traduit par une attitude rebelle. À la fin de l’atelier, ils savent sur quels aspects de leur personnalité ils doivent travailler pour progresser dans leur vie professionnelle.

À qui s’adresse Chants libres ?

La plupart des personnes concernées sont suivies par les PAPEJ (Points d’Accompagnement Prioritaire Emploi Jeune). Elles sont souvent déscolarisées, ou bien n’ont pas de projet professionnel précis. L’objectif consiste à les rendre autonomes lors de leur recherche d’emploi, et de les armer émotionnellement par rapport à l’entretien d’embauche. En moyenne, quatre jeunes sur dix ont retrouvé une activité et beaucoup d’entre eux ont repris une formation. Nous pouvons donc dire que les résultats sont satisfaisants.

J’imagine que tu rencontres aussi des difficultés ?

En effet. La méconnaissance d’eux-mêmes qu’ont certains jeunes est un frein très fréquent. Moins ils se connaissent, et moins il est évident de les pousser à l’action. Certains d’entre eux ont eu un parcours tellement difficile qu’ils perdent la foi. Pour eux, la séance est plus laborieuse. J’ai du mal à leur faire accepter leurs défauts et à les débloquer. En général, la séance laisse tout de même des traces dans leur esprit.

Comment sont organisés les ateliers ?

Ils sont itinérants dans les quartiers et s’étalent sur deux jours. Ils comptent dix à douze participants qui sont contactés par les animateurs référents des centres sociaux. Ils ont lieu en préparation de forums professionnels et petits déjeuners d’entreprise organisés par la Maison de l’Emploi et ses partenaires. Mon action dure une journée. Le jour suivant, un autre intervenant pratique des simulations d’entretien d’embauche.

À l’origine, tu es comédien. Comment es-tu arrivé sur ce projet ?

Après avoir monté des pièces classiques avec ma compagnie, je me suis consacré à l’enseignement du jeu. En 2007, la Maison des Familles et des Associations et la Maison de l’Emploi ont fait appel à moi pour aider douze jeunes civils volontaires à se socialiser dans le monde professionnel par le théâtre. Au bout d’un an, la méthode a été jugée concluante. Dix d’entre eux avaient retrouvé du travail. Avec la Maison de l’Emploi, nous avons ensuite décidé de poursuivre l’expérience l’année suivante sous forme d’ateliers dans les centres sociaux.

Et maintenant, comment vois tu l’avenir avec Chants libres ?

La première session vient de s’achever. Je devrais reprendre l’animation des ateliers à la mi-mars avec plusieurs changements. Une permanence des ateliers sera dorénavant assurée de manière hebdomadaire sur trois plates formes sur les secteurs Nord, Est, et Ouest de Marseille. Nous avons aussi pour ambition de faire vivre l’expérience aux animateurs des centres sociaux pour qu’ils puissent mieux communiquer sur le sujet auprès des jeunes. Avec ces nouvelles mesures, nous espérons attirer 800 personnes dans le programme.

Sébastien Cahn*

 

*De Marseille Bondy Blog (EJCM)

Sébastien Cahn -