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Handicap : une autre forme de diversité

Jeudi 23/04/2009 | Posté par Nadia Hathroubi

Primes aux entreprises, aide à la formation et à la création d'activité, les personnes handicapées bénéficient d'une assistance de mieux en adaptée. Pourtant en France, elles sont deux fois plus au chômage que les personnes valides. Une discrimination que combattent au quotidien les associations comme Handi'veil et Nouveau-Cap.

Le Fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées s'est offert un VRP de choix, il propose depuis plusieurs semaines, une campagne publicitaire mettant en scène le comédien Jamel Debbouze, afin inciter les patrons de petites entreprises à embaucher des personnes handicapées.

Le premier spot (diffusé depuis le 16 mars), est destiné aux quelque 27'000 entreprises françaises qui n'emploient pas de personnes handicapées.

« La politique de notre société ne permet pas d'employer des handicapés », cette phrase prononcée lors d'un entretien d'embauche, est restée en travers de la gorge d'Ismaël Belmoktar. Cette énième injustice a été le déclic qui a donné naissance à Handi'Veil.

L'association s'est fixée pour objectif « d'ouvrir au monde qui les entoure les personnes handicapées qui se retrouvent trop souvent isolées dans leur recherche d'emploi, de logement », explique le jeune président de 30 ans. « J'ai vraiment subi des remarques très limites lors de mes entretiens. J'ai postulé dans de grandes entreprises censées être plus « ouvertes » sur la question de la diversité, sans succès. Il faut les citer ! Sage, France Télécoms, la SNCF », martèle, encore remonté, Ismaël Belmoktar.

Il se consacre donc depuis quatre ans à la mise en place de mesures concrètes, dont la charte Handiversité qu'il espère faire ratifier aux entreprises, aux élus. Il y aborde plusieurs points noirs, les emplois, les transports. L'autre mesure phare de l'association est de développer rapidement une plate-forme de formation à distance. Pragmatique, il considère que « si une personne n'est pas formée, elle ne trouve pas de travail et cela décuple ses difficultés. »

Aujourd'hui, à la tête de sa propre société informatique Webeo, il milite pour une vraie reconnaissance sociale des personnes handicapées. Et savoure ainsi une sorte de revanche sur la vie. Amputé de la jambe à l'adolescence, il mène une scolarité normale et obtient son bac. Mais les choses se corsent en décembre 2000, son emboiture de prothèse se brise, il part de nombreuses semaines en accident de travail. A son retour, la société coule, « c'est le début de la galère. Depuis, je n'ai jamais retrouvé de travail. C'est toujours à l'entretien que cela coince », analyse Ismaël, convaincu que son handicap rebute ses éventuels employeurs. « Les entreprises préfèrent payer des amendes plutôt qu'embaucher des gens comme moi », explique-t-il amer.

Des difficultés dont est bien conscient le président d'honneur d'Handi'veil, Mohammed Haddou, lui-même chef d'entreprise, « Ismaël, c'est la persévérance personnifiée, il ne lâche jamais l'affaire. Il cumule les handicaps, il vient de banlieue, il est d'origine maghrébine et il est amputé. C'est une triple discrimination, mais lui, il en fait une force », détaille-t-il admiratif.

« Changer le regard sur les handicapés », c'est aussi la volonté de Cédric Fumey, président de Nouveau-cap. Pour cet handicapé moteur de naissance de 23 ans, « il est important de sensibiliser les jeunes au handicap, pour arrêter les moqueries et les vexations ». Crée en 2007, l'association développe plusieurs axes d'actions : une aide et un accompagnement dans les démarches administratives, la recherche de formations adaptées, faciliter les déplacements.

Nadia Hathroubi

Nadia Hathroubi -