Être pauvre dans un département riche…
Dimanche 26/10/2008 | Posté par Nordine Nabili
La planète finance traverse, actuellement, des temps difficiles. Rien ne va plus, la roulette coince. Les grands argentiers sont en caleçon. Ils pleurnichent et demandent l’aide du G8. Beau retournement de situation, ce sont les mêmes qui méprisent à outrance, dès que l’occasion se présente, l’État-providence !
Comme d’habitude, les contribuables vont devoir assurer le service après-vente pour remplir les caisses. Et qui sont les dindons de la farce ? Ceux qui se lèvent tôt et s’entassent dans le RER. Cette grande armée silencieuse de petites mains de l’économie française qui peuple les banlieues. Après le tumulte de la crise, voici venu le temps des restructurations annoncées. Cela s’appelle l’art de transformer une banqueroute en aubaine.
Dans un contexte comme celui-là, la variable d’ajustement humaine devient la priorité. Il y a le feu à la maison, personne ne criera au scandale. Le séisme psychologique et la mise en scène de ces dernières semaines rendent plus facile les licenciements présentés comme des mesures indispensables pour la survie du système. Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, les villes de banlieues, déjà endettées jusqu’aux oreilles, cadenassées par des prêts à taux variables, vont devoir racler les fonds de tiroir en rognant sur divers services, notamment celui de l’aide sociale, des budgets pour les écoles ; de la culture et du développement économique.
Le président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis annonce que la situation chaotique était antérieure à son arrivée aux affaires. Il n’en demeure pas moins que l’urgence n’est pas d’identifier l’auteur de la bérézina, mais surtout d’esquisser des hypothèses de travail pour sortir du marasme. Nada, à part un audit, rien à se mettre sous la dent pour retrouver un semblant de confiance. La solution proposée consiste à renégocier le taux des prêts et donc à étaler le poids de la dette sur quelques années supplémentaires. Point à la ligne. Avec ça, nous ne sommes pas sortis de l’auberge, le paradoxe du 93 restera donc entier : la Seine-Saint-Denis se situe dans le tiercé de tête des départements les plus riches de France, et concentre un taux de populations pauvres des plus élevés du pays !
Par Anonyme