Et si les grands patrons de demain étaient issus de la diversité ?
Jeudi 16/04/2009 | Posté par Majid el Jarroudi
« La France se nomme diversité », écrivait l’éminent historien Fernand Braudel. Pourtant elle semble avoir les plus grandes difficultés à justifier son nom dans le monde économique. Les ressources humaines ont commencé à intégrer ce facteur. Mais pas encore pour le poste le plus important : celui du chef d’entreprise.
Il est temps de permettre l’émergence de chefs d’entreprises pérennes, issus de la diversité ou des quartiers. Comment atteindre un tel objectif ? Les nombreuses PME détenues par des entrepreneurs issus de la diversité ou des quartiers doivent bénéficier des mêmes opportunités de développement que d’autres entreprises qui ont les moyens de capitaliser sur leur réseau.
Ce n’est un secret pour personne que le monde des affaires est avant tout un monde de réseau. Or, un entrepreneur qui vient d’un quartier ou qui est issu de la diversité ne peut pas toujours compenser son manque de réseau par son dynamisme et sa créativité. C’est pourquoi a été créée l’Agence pour la Diversité Entrepreneuriale (Adive) : pour parier sur le mérite et la compétence.
Le rôle de l’Adive, une association dont les services sont gratuits pour les entrepreneurs, est de mettre en relation commerciale les multinationales et les entrepreneurs issus de la diversité ou installés dans les quartiers. L’objectif est de permettre à deux mondes qui se côtoient mais qui ne se connaissent pas, de se rencontrer : l’entrepreneur et l’acheteur du grand groupe. Ce faisant, les multinationales soucieuses de démontrer leur engagement citoyen au sein des territoires où elles sont implantées et auprès de leurs clients, auront la possibilité de mettre en concurrence de nouveaux fournisseurs et ainsi permettront le développement de sociétés détenues par des entrepreneurs issus de la diversité. Ceux-là seront jugés sur leurs compétences et sur leur savoir faire. Un rapport gagnant-gagnant s’installera entre les grandes entreprises et les entrepreneurs. Peu à peu le monde économique comprendra que le talent et l’ambition ne sont pas délimités par le périphérique.
Quelques grandes entreprises ont déjà choisi de soutenir cette initiative : c’est le cas d’EADS, de KPMG ou encore Bristol Myers Squibb. Avec l’aide de l’Adive, elles identifient leurs besoins et rencontrent des entrepreneurs qu’elles n’auraient jamais pu connaître par ailleurs.
Ces entreprises ont le courage de mettre en face de leur engagement social des contrats qui permettront le développement d’entreprises détenues par des entrepreneurs issus de la diversité ou installés dans des quartiers.
Plus qu’une bonne intention ou un vœu pieux, il s’agit d’une action concrète et pragmatique : toutes les grandes entreprises ont des besoins, tous les entrepreneurs peuvent y répondre, d’où qu’ils viennent. Le tissu économique français grandit alors en réinventant la méritocratie et en récompensant l’abnégation et le travail. La France pourra ainsi proclamer à nouveau qu’elle se nomme diversité...
De fait, cette initiative est inspirée d’un programme américain qui existe depuis près de 40 ans et auquel toutes les plus grandes entreprises américaines participent. Le chiffre d’affaires cumulé des entreprises détenues par des minorités ethniques en 2007, dans le cadre de ce programme, s’élève à la bagatelle de 100 milliards de dollars. Il est quelquefois intéressant de s’inspirer d’initiatives qui marchent...
Majid el Jarroudi (*)
(*) Délégué général de l’Adive
Par Anonyme