Benoît Hamon : « Je ne surjoue pas les problèmes de la banlieue »
Jeudi 28/05/2009 | Posté par Nadia Moulaï
Le candidat PS aux élections européennes faisait escale, hier à Nanterre. Avant de rencontrer des entrepreneurs des quartiers, il a accordé une interview au Bondy Blog. Entre pics et polémiques…
Sarkozy avait promis un plan Marshall des banlieues lors de la campagne des présidentielles. A l’échelle de l’Europe, comment agir concrètement pour les quartiers ?
Le plan Marshall, Sarkozy n’a fait que reprendre un plan estampillé PS. Julien Dray l’avait proposé bien avant les présidentielles. On ne peut pas dénaturer un plan pareil…c’est l’investissement massif dans l’économie. Ce n’est pas avec le Plan banlieue et ses maigres résultats qu’on n’y arrivera. Le pauvre Marshall doit se retourner dans sa tombe !
Justement si vous êtes élu député européen, le 7 juin prochain, comment agirez vous concrètement ?
Aujourd’hui, le budget de l’Union européenne est de 133 milliards d’euros. Tout ça pour mettre en œuvre, la politique agricole, agir pour l’emploi et le social en sachant que la politique agricole absorbe beaucoup de ce budget. A mon sens, il y a trois mesures à mettre en place, à condition d’avoir du courage. Faire en sorte que l’Union européenne s’appuie sur le déficit pour emprunter. Ensuite, il faut augmenter les contributions des Etats membres. Enfin, mettre en place un impôt additionnel sur les bénéfices des sociétés. Le vrai soutien aux quartiers, c’est d’augmenter le budget de l’UE. Quand on sait que le budget fédéral américain c’est 25% du PIB US, on voit bien que l’UE est un nain politique à côté.
Le Parti socialiste n’est pas très en odeur de sainteté dans les quartiers. Comment comptez vous attirer des voix?
En l’espace d’une semaine, je suis allé dans plusieurs quartiers, j’étais aux Merisiens. Il y avait beaucoup d’habitants de Trappes et je n’ai pas eu l’impression qu’il fallait montrer patte blanche. Les problèmes qu’on a dans les quartiers sont les mêmes que ceux des autres Français. A la Courneuve, lundi, j’ai rencontré la population locale. On a fait un meeting normal dans un territoire confronté à des problèmes anormaux. Je ne trouve pas qu’il y ait un problème spécifique…ça c’est le discours de Dati. Je sur joue pas les problèmes de la banlieue car encore une fois, ce sont les mêmes que le reste des Français. Les gens du PS passés à Droite en disant que la Gauche n’a rien fait…qu’ils leurs choix ! Ca se saurait, si le PS était mauvais. Et puis, les quartiers ont massivement voté à Gauche lors des présidentielles de 2007.
Mais c’était essentiellement un vote anti-sarkozyste… ?
Oui, c’est vrai mais dans beaucoup de bureaux de vote en banlieue, on a eu du 80 % en faveur de Ségolène Royal.
Dans les années 80, l’immigration, c’était la Marche des beurs et les problèmes dits « d’intégration ». Aujourd’hui, vous rencontrez des entrepreneurs issus des quartiers et de l’immigration. Le PS a-t-il capté le changement ?
Je connais beaucoup de personnes de la Marche des beurs. Depuis, le PS a gouverné, il a réussi sur certains points, sur d’autres il a échoué. Il a essayé de tordre le cou aux inégalités.
En ce qui me concerne, je vois où sont nos échecs. Pour autant, je ne suis pas dupe. On nous vend le destin formidable de certaines personnes alors qu’en fait les reproductions sociales s’enracinent. Je sais où sont les responsables. En tout cas, les ambitions du PS étaient plus élevées que celles du gouvernement actuel…
Nadia Moulaï
Par Anonyme