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Après le poison de la discrimination, voici le choc de la crise

Jeudi 27/11/2008 | Posté par Nordine Nabili

On doit faire un constat : la crise économique est bien là, et certainement pour un moment. Le cataclysme vécu par le système financier mondial ouvre un débat de fond qui semblait, ces dernières années, se limiter à la réaction épidermique de deux blocs. Fini donc les grandes certitudes d’un marché capable de s’autoréguler, loin des inerties étatiques lui imposant des lois et des règles. Le marché, comme on l’appelle affectueusement, s’est tiré une balle dans le pied tout seul et demande aujourd’hui à l’État-providence de lui faire un garrot pour arrêter l’hémorragie.

On regarde tout ça avec beaucoup de circonspection depuis les banlieues. La crise, ce n’est pas une nouveauté par ici. Les statistiques nous donnent la mesure de la situation. Lorsque le gouvernement annonce les chiffres du chômage au niveau national, la fourchette varie entre 7% et 9% de la population active. Mais dans les quartiers classés Zone Urbaines Sensibles, ce chiffre frôle les 20%. Dans certains territoires en Seine-St-Denis, on frôle les 30%. Et si on va plus loin dans les détails, on remarque que le chômage dépasse les 50% chez les jeunes sans diplômes issus de milieux ouvriers.

Depuis plus de 15 ans, les études les plus sérieuses mettent en lumière la difficulté persistante des jeunes issus de l’immigration dans l’accès à l’emploi. Le chômage, très élevé dans les ZUS, pèsent fortement sur les jeunes de 18 à 30 ans. Ce constat est très préoccupant d’autant que cette catégorie représente parfois 1 habitant sur 3 dans certaines zones. Les carences en matière de formation et le fort taux d’échec scolaire n’expliquent pas tout. Parce que cette discrimination à l’embauche n’épargne pas non plus les jeunes diplômés.

Le patronyme maghrébin ou subsaharien est un obstacle d’envergure. Farid recevra 5 fois moins de réponses que Richard pour un emploi de commercial par exemple. Certains employeurs préfèrent laisser un poste vacant au lieu d’embaucher un Noir. Il y a urgence à travailler sur les mentalités et les représentations sociales. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et l’Institut national d’études démographiques (INED) souligne ce phénomène dans des résultats d’enquêtes nationales. Ils appellent cela la « sous-employabilité » des jeunes d’origine étrangère, alors qu’ils ont atteint des niveaux élevés de diplômes.

Autrement dit, le cocktail discriminations à l’œuvre et récession annoncée est un mélange explosif pour les mois à venir.

Nordine Nabili

Nordine Nabili -