Algérie, mon business
Jeudi 06/11/2008 | Posté par Nadia Moulaï
Nouvel eldorado économique, l’Algérie attire de plus en plus d’investisseurs étrangers. Parmi eux, Salim B, 30 ans et fondateur de Djezz-IT, une SSII basée à Alger. Entre business et volonté de faire bouger le pays d’origine, retour sur une aventure prometteuse
Ses parents arrivent en France dans les années 70 pour y gagner leur vie. Salim B, ingénieur informatique avec 10 ans d’expérience, opte pour le chemin inverse. C’est durant des vacances au bled en 2006 qu’il s’aperçoit que le pays est en plein boom. Ni une, ni deux, lui et trois amis se lancent sur ce marché non parce qu’ils subissent la discrimination en France mais justement parce que leurs affaires sont plutôt florissantes.
Pour ne pas froisser ses clients pour lesquels il est prestataire en France, Salim B préfère garder l’anonymat sur son entreprise. « Pas de mélange des gens » insiste t-il. Car lui qui a grandit dans le 93 n’a pas peur de ses ambitions. Et, une fois l’idée en tête, le projet voit très rapidement le jour. Marché émergeant oblige. Un voyage à Alger avec ceux qui deviendront ses associés et un premier contrat signé entre deux visites chez la famille ! Une administration leur confie une mission dédiée aux systèmes et réseaux. Pas de temps à perdre, les « quatre saisissent l’opportunité sans plus attendre » se rappelle enthousiaste Salim B.
Tout s’enchaîne alors très vite. Les quatre associés s’organisent pour y assurer cinq jours de présence par mois. Recherche d’un local à Alger, recrutement d’une équipe d’ingénieurs sur place, participation à des forums, rencontre avec les acteurs locaux. Et ça tombe bien pour eux. Le gouvernement algérien lance au même moment un plan d’initiative économique. « On a profité de cette effervescence économique pour lancer la boîte » explique Salim B, content d’avoir flairé le bon filon. Même si les clients algériens se font rares. Aujourd’hui, Djezz-IT cumule les contrats pour des entreprises étrangères. « Nous répondons à des appels d’offres algériens mais nous arrivons systématiquement deuxièmes... » regrette Salim B.
Tant pis car cette affaire, c’est pas seulement du business. Les quatre ingénieurs n’ont pas choisi l’Algérie par hasard. C’est vrai que le Maghreb offre tous les avantages du Near-Shore, par opposition au Off-Shore. À savoir, pas de décalage horaire, une capitale à deux heures de Paris, le français comme langue de travail. Tous sont originaires d’Algérie et, vous l’aurez compris, entretiennent un lien particulier avec « le bled ». Ils connaissent le pays, s’y sentent à l’aise. Atout de taille quand on sait que pour un grand nombre de Français, « l’Algérie c’est les attentats ! » s’amuse Salim B.
L’idée de participer à l’émergence de leur pays d’origine les pousse à privilégier la main-d’œuvre locale. « Car 80% des diplômés en ingénierie informatique optent pour l’expatriation » souligne Salim B. D’ailleurs, lors du lancement de Djezz-IT, c’est une centaine d’entretiens d’embauche qui a été organisée. C’est aussi la confrontation avec la réalité des ressources humaines en Algérie. Des CV bourrés de fautes de français, des détails comme « je possède une voiture blanche avec 10 000 kilomètres ». « Tout est bon à dire » explique Salim B sans mépris, d’un air presque amusé. Même s’il ne le dit pas clairement, il déplore le manque d’expérience des candidats. La raison ? Le décalage entre la formation universitaire et la pratique. « Un jeune ingénieur en stage à la Sonatrach qui change des cartouches d’imprimante, c’est fréquent. » Dans ce contexte, pas évident pour Salim B et ses associés d’atteindre leurs ambitions. Peu importe, le marché algérien est en pleine ébullition. Patience...
Par Nadia Moulaï
Par Anonyme