À Inox, qui s’est éteint
Dimanche 02/11/2008 | Posté par Anne Dhoquois
Hommage à l’un des piliers de l'association Permis de vivre la ville, à l'origine du Lexik des cités*, qui nous a quittés un soir d’octobre…
Ils sont venus, ils sont tous là... Du fin fond d’Évry, d’Anthony ou de l’Italie. Des blacks, blancs, beurs venus rendre un dernier hommage à Innocente – Inox pour tous ceux qui le côtoyaient – Salvoni, disparu sans crier gare quelques jours plus tôt...
Innocente, l’Italien de 55 ans, connaissait la banlieue française comme sa poche. Avec Marcela et Dima, il était l’une des figures de l’association Permis de vivre la ville, à l’origine du Lexik des cités, un succès de librairie et une victoire sur les préjugés. Cédric, le graffeur mais aussi, et surtout, le fiston d’adoption, a fait en sorte que le Lexik le suive dans son dernier voyage, incinéré avec lui tout comme des pâtes, des messages en tout genre et un dessin d’enfant...
Ils sont venus, ils sont tous là, sous la coupole du Père Lachaise à pleurer qui le frère, qui l’ami, qui le père spirituel... Les petits des quartiers retiennent leurs larmes sous un masque de tristesse. Comme des grands qu’on leur a appris à être... un peu trop !
Inox, à l’énergie inoxydable, s’est éteint. Son cœur, qu’il avait grand, l’a lâché un soir d’octobre. Son combat pour que les banlieues se hissent, pour que les jeunes s’en sortent, il le lègue à de bonnes mains. L’engagement, c’est l’histoire d’une vie et Inox en a eu plusieurs. Les hommages se succèdent en ce sens sous la coupole du Père Lachaise.
Puis vient l’heure du goûter. Les mamans ont pensé à faire des gâteaux. Lui l’homme de goût, lui le gastronome aurait apprécié. Puis, vient l’heure de la vie qui continue, il va falloir reprendre le flambeau et poursuivre le combat. « Demain, dans les quartiers, faudra rire aux éclats », a demandé Marcela comme une supplique. Puis vient l’heure du dernier message à l’encontre de tous ceux qui sont venus, qui sont tous là, un message comme un testament : le plus bel hommage à rendre à Inox, c’est de s’accrocher à ses rêves... Qu’il nous en souvienne !
Anne Dhoquois
*Lexik des cités, collectif, éditions Fleuve Noir, 2007
Par Anonyme